On dit que les gens ont peur des clowns, de l'univers du cirque. On dit même que le monde du spectacle peut être si spécial, qu'on ne peut y entrer et y faire partie. Parlons des miroirs à présent. Personne ne parle des miroirs. Personne n'en a peur? S'il vous plait! Comment pouvez-vous vous regarder dedans? Une pièce entourée et munie de miroirs, chacun collés les uns aux autres, vous montrant et vous reflétant alors un paysage de miroirs sans fin, votre reflet à l'infini, des reflets, des miroirs et tout cela ensemble à l'infini. De plus, qui dit qu'il s'agit bien de votre reflet? Un monde dans lequel vous seriez seul, sans rien ni personne. Un monde froid, de glace, où vous seriez confronté à votre propre reflet, à votre propre image, à vous-même. Un test psychologique sans fin. Un monde où votre droite est votre gauche, où votre beauté est accentuée et vos défauts effacés. Un monde où une seule petite ampoule suffit pour éclairer des kilomètres d'espace. Un monde à effet papillon, tout se répète, se propage et revient. Tous feront et font la même chose que leur dit de faire l'original, le centre, vous. Eclairé par une simple ampoule, les kilomètres vous répondront alors la même chose. Mais que se passera-t-il si l'un des reflets ou si une partie du paysage ne vous suit pas? Si en réalité, ce qui était votre reflet est en réalité une personne comme vous? S'il refusait de vous copier et de vous suivre et que lui ferait ce qu'il veut... Tout en vous regardant droit dans les yeux étant donné que les vôtres sont braqués sur lui. Vous testez alors de grands gestes rapides pour tenter de lui faire reprendre le fil. En vrai, il continu de vivre normalement ou de ne pas bouger tout en vous fixant la rétine intensément et vous commencez à vous poser des questions. Cette personne est-elle, elle aussi enfermée dans son espace? Et si non?

Vous avez alors arrêtez de bouger et vous continuez de regarder cette personne qui, trois reflets plus loin devant vous, a finalement décidé de vous suivre et de se fondre dans la masse. Puis, vous vous tournez vers votre gauche afin de recommencer une chorégraphie insensée. Alors que tous les reflets devant vous regardent aussi devant eux, un seul est tourné vers vous et vous sourit calmement. Vous ne bougez plus, vous demandant duquel d'entre vous et lui est la véritable personne, jusqu'à ce qu'il rigole, se retourne et reprenne la même position qu'il devait avoir au départ. En levant le bras droit, les autres vous suivent. Normal. En vous tournant alors d'un quart de tour face à la diagonale, l'autre personne est de retour, dix reflets plus loin, tellement plus loin que vous la distinguez à peine. C'est alors qu'il se dégage de son rang et s'avance droit sur vous en courant. Ah. Finalement il n'était pas enfermé comme vous, vous l'êtes ou alors il peut traverser les parois, ce qui vous embête et vous effraye encore plus. Ca y est. Il est là devant vous, même pas essoufflé, souris et vous rit au nez. Tout ça à cause de miroirs et d'une salle des glaces. L'ampoule s'éteint. Une porte derrière vous s'ouvre, laissant place au responsable de l'attraction qui vous dit que votre tour est terminé. Vous sortez et vous jetez un dernier coup d'œil dans cette salle remplit de miroir. Il s'agit juste d'un placard à balai avec quatre miroirs fixés sur les murs et la porte. Votre reflet, visible dans un des miroirs vous représente en train de vous éloigner, la peur sur le visage, fixant encore ce miroir. Votre reflet change alors subitement d'expression et tout en s'éloignant lui aussi, met son index sur ses lèvres et vous fait signe de vous taire avant que quelqu'un d'autre d'entre et que la porte ne se referme.

Alors, la peur des miroirs, on en parle?

Miroir... (texte#8)

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